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Grandiosité et dépression

Le 6 novembre 2002, par Pierre LASSALLE,

Sur les conseils de Pierre Lassalle, voici un témoignage :

C’est Alice Miller qui m’a menée jusqu’ici. Elle m’a fait comprendre, ce week-end, à quel point j’ai minimisé ma souffrance pour mieux la banaliser et faire avec.
J’ai 28 ans et j’ai l’impression que j’ai passé ma vie à analyser la situation pour me comporter au mieux et ne pas souffrir de regrets, bref de culpabilité. Alice Miller vient de mettre un terme sur mon mode de fonctionnement : la grandiosité.
Effectivement, j’analyse toujours tellement tout que je ne me trompe que très rarement (parfois par excès de naïveté). Ma vie professionnelle est un feu d’artifice (je me suis mise à mon compte à 22 ans après des études brillantes et j’enseigne en parallèle à l’université). Je suis souvent admirée car les gens voient dans ma réussite une référence. Ils me prennent au sérieux. Je crois que c’est ce que j’ai tjrs voulu : qu’on me regarde. J’ai toujours 15000 projets sur le feu et ai plein d’idées de reconversion si mon activité devait m’ennuyer ou s’arrêter.
Ma vie privée est également une réussite : 2 enfants avec mon mari qui en avait déjà 2. Une famille nombreuse très vivante. Ce que j’ai tjrs voulu ! Comme le souligne A. Miller, les grandioses ont tellement peur de la dépression qu’ils s’arrangent pour vivre avec quelqu’un de faible, ayant peu confiance en lui, voire dépressif.
C’est le cas de mon mari qui a un chemin de vie tortueux. Nous nous complétons et nous aimons bcp.
Bref, A Miller me révèle que ma vie est bcp plus cadrée que je ne l’aurais pensé.

Apprenant ma "grandiosité" et le risque de sombrer dans la dépression le jour où je ne pourrai plus me faire valoir par mes performances, me voilà à la recherche de la petite fille qui est devenue cette femme.

Douleur, larmes, souffrance, angoisse. Bien évidemment ce sont ces sentiments d’abandon total que je refuse en souhaitant une vie sans écueils... et une famille nombreuse, la promesse d’une protection contre l’abandon ?

Ma maman n’a probablement pas profité du fameux bonding, cet instant de communion avec le nouveau-né. Ma maman ne voulait pas d’enfant et "si c’était à refaire, elle n’en aurait pas". Ma maman m’a tjrs bien fait comprendre que sa stabilité émotionnelle dépendait de mes actes et que plus je serais transparente, mieux ça irait. Ma maman m’emmenait à l’école le matin pour 7.30, je la rejoignais à son bureau vers 17.00 et nous rentrions à la maison ensemble où je faisais illico mes devoirs et ceux des jours suivants. Je lui ai récité mes devoirs jusqu’en 2de ou en 1ère. Elle se mettait dans une rage folle empreinte de mépris à chaque erreur de ma part. Les
cahiers volaient dans le salon. Parfois je devais remonter 4, 5 ou 6 fois dans ma chambre apprendre une poésie que je connaissais sur le bout des doigts en haut et dont je ne me rappelais plus un traître mot en bas, tellement j’étais tétanisée à l’idée de me tromper. Je lisais dans son regard que je n’étais pas à la hauteur. J’ajoute que ma mère travaillait dans mon école où elle représentait la discipline. Elle jouait le même rôle à la maison. Jamais de liberté, en quelque sorte. A l’adolescence, j’ai compris assez vite qu’elle se trouvait plus belle que moi, qu’elle méritait davantage d’attention que moi. Jamais un calin, jamais un compliment, peut-être un mot
gentil si je lui donnais satisfaction (réussir ma licence du premier coup, par exemple. Ce jour-là, elle m’a appelée Pucette. j’en ai pleuré après avoir raccroché, tellement je trouvais cette nouvelle douceur bouleversante.)

Pour être aimée, il fallait donc que je sois performante. Je le suis au quotidien. Elle ne m’aime pas davantage. Mais moi j’ai gagné de la confiance en moi. Je sais que je suis quelqu’un de bien, à l’avenir radieux.

Mon seul doute : devrais-je plonger dans les ténèbres de mon enfance pour déverrouiller mes cadenas et m’accepter davantage pour mieux pouvoir transmettre l’amour que je n’ai pas reçu ? Est-ce que le simple fait d’avoir travaillé seule sur mon chemin de vie et sur le manque manifeste d’affection dont j’ai été victime suffit à m’éviter la dépression qui me guetterait sinon ?

J’avoue que j’ai une tendance à la fessée avec ma fille aînée quand elle fait des crises de nerf : je n’ai jamais eu le droit de faire une crise de nerf. Je la mets dans sa chambre avec parfois une fessée et je reviens la voir quelque temps après. On fait alors un gros calin pour clore l’incident. D’un autre côté, j’ai le sentiment de manquer de fermeté avec ma fille car je ne me sens pas crédible dans le rôle de celle qui gronde. Je sais que je ne serais jamais aussi "bonne" que ma mère dans ce rôle-là et je n’en ai aucune envie.
J’ai quand même peur de manquer tellement de crédibilité et qu’elle ne prenne pas au sérieux mes recommandations, car elle va commencer à se douter que je suis très malhabile à la gronder. Je manque de fermeté. Je suis un peu démunie car c’est tjrs moi que l’on a puni et je ne sais pas éduquer mes enfants avec assurance. Je tatonne. Mais je les aime et j’essaye de favoriser le toucher, les calins (c’est
nouveau pour moi) pour intensifier le contact charnel, la protection.

Voilà,

dans l’attente de pouvoir converser avec ceux que mon histoire peut éventuellement intéresser.

Marilyn
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