Le 9 août 2001, par Pierre LASSALLE,
UN MASSAGE
"Un massage ?" Oui, oui, ça fait du bien, ça
détend... J’en veux toujours un peu à ceux qui parlent ainsi.
Je suis persuadée qu’un massage peut aller très loin, beaucoup plus loin qu’on ne peut l’imaginer.
Par le principe "yang à l’extrême devient inn",
en touchant la peau (extrême yang), on agit au niveau le plus profond
(inn) ; et ce niveau très profond, quel est-il si ce n’est notre affectivité,
notre sensibilité, et ... notre système nerveux central.
Donc, au cours d’un massage, on touche à ce qu’il y a de plus intime et de plus profond dans l’être humain. Il ne s’agit pas, alors, de faire n’importe quoi.
Comment masser ? Quelle technique adopter ? La relation thérapeute/patient est-elle importante ? Que se passe-t-il au niveau énergétique dans cette communication ?
La technique : Par l’ordre adopté dans la façon de masser (on va des zones les plus superficielles vers les plus profondes), et par le sens de l’énergie dans les méridiens, que le thérapeute suit en drainant cette même énergie, on peut parler du massage comme d’un " ordre d’harmonie " donné au corps. C’est une fiche " harmonie " mise dans un " ordinateur " dont on attend le travail.
C’est le même processus dans le massage. On donne un ordre d’harmonie, et le corps fait le reste. Le reste ? Qu’est-ce à. dire si ce n’est le chemin à parcourir pour retrouver l’équilibre. Il peut y avoir des éliminations physiques, psychiques, des réajustements intérieurs, des déblocages, des meilleures répartitions de tous les liquides de l’organisme, de l’énergie en général. Cela est fonction de ce que l’individu a à vivre.
Le Dr SENN compare l’homme à un arbre qui tous les ans s’adjoint un anneau supplémentaire. L’être humain, tous les jours s’enrichit (ou s’intoxique davantage !) d’une " couche " supplémentaire d’expériences (psychiques et spirituelles), et au niveau physique, il absorbe une certaine quantité d’air et de nourritures. Tout cela s’inscrit en lui, plus ou moins fortement, selon le terrain.
Le but est de rapprocher de l’état " originel ", de
déblayer, d’éliminer...
Là, chaque individu a un chemin particulier à parcourir
C’est alors que l’échange énergétique entre le patient et le thérapeute joue un rôle important.
Le patient est en effet " abandonné " aux mains du praticien. Psychiquement, il est aussi détendu, disponible, réceptif. L’état d’être du thérapeute est donc important, car il s’établit une communication (même Si c’est inconscient) très subtile entre les deux, et le praticien aura de ce fait une " influence " sur la personne massée.
Si le thérapeute a fait un travail sur lui-même, et a décidé de sortir de la ronde infernale qui, dans la vie, nous fait réagir par rapport à notre histoire passée au lieu d’agir librement, et si ce même praticien travaille sur lui en profondeur, pour mettre à jour les fontaines jaillissantes du fond de son être, alors le patient sera touché, nourri, ensemencé, sur le plan où le thérapeute l’aura emmené, par son état de recherche et d’exigence intérieure.
A préciser que jamais le thérapeute ne doit " vouloir a’ tout prix " guérir ; la volonté ne peut que bloquer le flux. de la vie Il doit mettre en place sa technique (quelle qu’elle soit), puis se rendre disponible, à l’écoute, suivre l’autre dans son cheminement, et laisser faire...
Le massage peut donc devenir quelque chose de très subtil. Bien sûr il amène la détente, mais il peut aussi entraîner la personne au plus profond d’elle-même...
Sans jamais forcer les choses, car le thérapeute, par sa disponibilité intérieure, ne travaille qu’avec la " permission " du corps ou de l’esprit du patient. Il respecte ses réserves, ses défenses, ses impossibilités momentanées de vivre .
C’est une véritable alchimie qui se produit, une expérience dont le patient et le thérapeute sortent toujours enrichis.
On travaille avec ce que l’on est, quelle que soit la technique employée, et il faut se garder d’identifier un praticien avec Sa technique et son école.
Le propre état " centré " du thérapeute
induit une " rigueur intérieure " pendant le traitement, et survient
ce qui doit advenir, dans l’ordre chronologique des choses : élimination
. . . souvenirs... accouchements ... prises de conscience...
Un mot encore sur l’outil de travail : la main.
Quelle puissance de vie contenue en elle ! Quelles potentialités ne demandant qu’à s’actualiser et à jaillir !
Toutes les traditions parlent de la main. Que ce soit par le Christ en gloire d’Autun, avec ses mains démesurément longues, ou bien par l’imposition des mains pratiquée par les évêques, les chevaliers, les rois (St Louis).
Que dire de la Kabbale, pour laquelle la main gauche a une fonction vivifiante (main de la grâce) alors que la droite structure (main de la rigueur).
Et les mudras, en Inde ? La puissance protectrice de la main de Fatima, chez les Musulmans ? La chirologie ? L’astrologie ? L’énergétique chinoise, avec les doigts servant de support aux différents méridiens. Et encore cette médecine, très ancienne, qui ne traitait que la main gauche, celle-ci contenant en représentation le corps entier.
Je n’oublierai pas les expressions populaires " mettre la main
sur .. " " passer la main ... " " dernander la main... "
En essayant de prendre conscience de tout ce qui existe à
l’état latent en chacun de nous, il y a une possibilité de dépasser
la technique, quelle qu’elle soit, et d’aider la vie à se répandre,
avec plus de force et de puissance...
Les Chinois disent : " En s’associant aux immensités de la nature, un coeur d’homme peut devenir aussi grand que la terre et le firmament ".
Véronique FERRAND
Extrait de la revue trimestrielle du SYNERME
Héliades N°18
Avril 1985